J’ouvre les yeux. Je crois bien que c’est le froid qui m’a réveillé. Ma tête me tourne et j’ai du mal à décrypter mon environnement. La première chose qui capte mon attention est le lit où je me trouve couché. Je me trouve dans un vieux lit dont le matelas est sûrement rempli de paille. Une vieille couverture me recouvre mais ne peut empêcher l’air glacial de me donner des coups de fouets.

 

    Ma vision s’améliore. Je me trouve dans une cabane de 8 mètres carré environ. En face de moi se trouve une table avec des ustensiles de cuisine. A ma droite une cheminée où se trouvent quelques bûches calcinées. Et au sommet de cette cheminée, une tête de cerf. Une horrible de tête de cerf avec des grands yeux très agressifs dirigés sur moi.

 

    Je me lève du lit et m’approche de la fenêtre. Le sol est recouvert de neige et il y a des arbres à perte de vue. Je suis en plein milieu d’une forêt glaciale. J’essaye de me souvenir comment j’ai pu atterrir ici. Je suis à la recherche de mon dernier souvenir. Je me souviens d’avoir été tranquillement allongé sur mon canapé devant la télévision. Et après, le trou noir.

 

    Je fouille la cabane pour vérifier si je peux trouver de quoi me réchauffer. A gauche de la cheminée se trouve un petit placard. J’y trouve des bottes, un bonnet et un manteau d’hiver. Ça va déjà mieux. Je tourne la tête vers la droite. Les yeux de la tête de cerf me fixent toujours. Comment est-ce possible vu que j’ai bougé par rapport à tout à l’heure ? Je suppose que ça doit être mon imagination.

 

    Dans le placard se trouve également une carte. Selon celle-ci je me trouve non loin d’une petite ville. Je me décide à essayer de la rejoindre pour pouvoir téléphoner à des secours. Si je reste ici trop longtemps, je vais finir par y rester. J’enfile une vieille paire de moufles trouvée sur le sol près de la porte d’entrée et file dehors.

 

    Le froid me ronge tout le corps. Mais je trouve la force d’avancer vers la direction indiquée sur la carte. La neige s’incruste dans mes bottes et me trempe les pieds. Il faut que j’avance vite. Je ne vois que des arbres en face de moi. Après plusieurs heures de marches, je finis par m’assoir contre un arbre. Il ne faut pas longtemps pour que je m’assoupisse. A mon réveil, j’aperçois un ours qui se trouve nez-à-nez en face de moi. Je sursaute et l’ours prends peur et me donne un grand coup de griffe dans la carotide. Je mets ma main sur la blessure mais je perds très rapidement mon sang et finis par m’évanouir. C’est la fin.

 

    Je me réveille alors brusquement dans le lit en paille de tout à l’heure. Que s’est-il passé ? Cette rencontre avec un ours était-elle un mauvais rêve ? En tout cas, je me retrouve dans la même situation qu’à mon premier réveil : coincé dans cette fichue cabane avec toujours cette même tête de cerf qui me fixe dans les yeux. Mais cette fois ci, son visage a changé, comme si cet animal mort s’apprêtait à rire de moi. J’en ai assez de cette situation, je renfile mes habits d’hiver et tente à nouveau de sortir, en espérant que je ne suis pas encore en train de rêver.

 

    Je décide de changer légèrement de direction pour éviter de croiser l’ours. Même si tout ce qui s’est produit précédemment n’était probablement pas réel, ma nature prudente me fait faire un détour. Ce détour me mène à longer un lac gelé. Je dois malheureusement le traverser pour me rendre à la ville. Je marche prudemment pour ne pas faire craquer la glace. Je suis à mi-chemin lorsque d’un coup, la glace commence à se fendiller. Pris de panique, je commence à courir. Erreur fatale. La glace lâche et me voilà dans l’eau froide du lac. Je me débats comme je peux pour essayer de remonter mais le froid me paralyse. J’ai tous les membres gelés, je suis incapable de pouvoir nager pour tenter de remonter. Je suis en train de couler lentement sans bouger en attendant le moment fatal où je ne pourrais plus retenir ma respiration.

 

    C’est alors que je me réveille à nouveau, allongé sur ce satané lit en paille. Je commence à être vraiment exaspéré par cette situation. Mais que se passe-t-il ? J’entends un bruit, comme un rire. Je lève les yeux et je vois cette tête de cerf en train d’avoir un fou rire en me regardant. Une tête de cerf accroché à une cheminée qui se moque de moi. Je dois avoir perdu l’esprit. Je prends une bûche située à droit de la cheminée et lui donne des grands coups. Rien à faire, il continue de rigoler. Un rire qui ma glace le sang. N’en pouvant plus, j’enfile à nouveau tout l’équipement d’hiver et file dehors à toute allure.

 

    Je ne sais pas où je me dirige cette fois. Tout ce que je veux, c’est ne plus entendre ce rire horrible. Je décide de tenter ma chance dans la direction opposée à mon dernier choix. Après tout, rien ne prouve que la carte que j’ai trouvée est vraie. Après des heures de marche, j’aperçois une fumée au loin. Enfin un signe de vie humaine. Je regagne de courage et me dirige vers cette fumée.

 

    Arrivé sur place, je ne trouve personne. Seul le reste des branches calcinées se trouve au sol. Je crie de toute mes forces pour demander de l’aide, mais je n’obtiens pour seule réponse que l’écho de ma voix. Je fouille les environs pour trouver d’éventuelles traces de pas. C’est alors que j’entends un bruit étrange près de mon pied. J’ai marché sur une ficelle. Sans que je n’aie le temps de faire quoi que ce soit, un épais tronc d’arbre rempli de pic aiguisé me tombe dessus et me transperce. Je suis à terre et ne peux plus bouger d’un pouce.

 

    C’est alors que j’entends une voix stridente : « Le dîner est prêt, vous pouvez venir manger » ! Pour une fois, je ne suis pas mécontent qu’on m’appelle en pleine partie. Je viens de perdre ma troisième vie de toute façon. J’éteins ma console et promet de bien prendre mon temps à table. On mange du cerf ce soir.

 

FIN