
Il était aux alentours de midi, au cours d’un 14 novembre qui ressemblait à tous les 14 novembre que les Français ont connu jusqu’ici, lorsque la nouvelle fut apprise. Le parti de la gauche radicale LEPRE (Lutte Egalitariste Pour le Respect Eternel), fondé il y a seulement trois ans et qui venait d’accéder au pouvoir avait voté le droit de vote des morts. Le principe de ce nouveau droit était simple : dans leur testament, chaque citoyen Français avait à présent la possibilité d’y inscrire le courant politique pour lequel ils voteront ont cours des mille années précédant leur mort. Au cours de chaque élection, les assesseurs iront récupérer le document qui sortait de la petite boîte à vote fixé sur chaque tombe pour récupérer le vote des citoyens décédés. Cette boîte contenait l’ensemble des futurs choix du défunt et était programmée pour sortir le choix de ce dernier pile le jour de chaque élection. Il était donc possible pour les morts de voter pour toutes les élections, que ce soient les municipales, les européennes, les législatives, les présidentielles, etc. si au cours de leur vivant ils avaient bien indiqué leurs choix dans leur testament.
Ce nouveau droit fut voté par la LEPRE au nom de l’égalité. Faire une distinction entre les morts et les vivants était devenu insupportable pour ce nouveau courant de gauche. Pour eux, il n’y avait aucune raison à ce que des individus perdent des droits en fonction de leur statut biologique. Le cas contraire relevait d’une discrimination inacceptable pour les défenseurs des droits humains. Cette situation mit en difficulté la droite, qui part de son rapport avec la terre et les morts ne trouvait pas les arguments pour contrer cette idée de la LEPRE. En effet, l’importance que la droite donnait aux ancêtres et à la transmission ne leur permettait pas d’être crédible en luttant contre le droit de vote des morts. Si les gens qui nous ont précédé étaient si extraordinaires, pourquoi alors les priver du droit de vote ? Ce paradoxe empêtrait la droite dans un énorme contradiction qui décrédibilisait leur opposition, malgré un discours mémorable de leur leader Marcel Troisgaulle à la veille du vote à l’assemblé. La LEPRE savait parfaitement que cette situation mettrait en difficulté le camp d’en face et ils ne sont pas fait prier pour le faire.
Lors de l’annonce de la promulgation de cette loi, des manifestations éclatèrent aux quatre coins du pays. Certaines pour exprimer leur joie, d’autres pour exprimer leurs craintes. Les manifestants qui étaient heureux de cette nouvelle étaient souvent composés de femme aux cheveux bleus qui répétaient inlassablement des slogans tout fait avec des termes clés comme « égalité » et « progrès ». Mais malgré ce nouveau droit, il fallait pour eux aller plus loin. Il fallait permettre aux futurs morts de pouvoir voter au-delà des mille ans que leur permettait la loi. Pour eux, la lutte dans le vivantarcat ne faisait que commencer. Le camp d’en face était quant à lui effrayé par cette idée. Permettre à des morts de voter leur paraissait absurde car une personne décédée ne pouvait plus avoir accès à l’information qui leur permettait de faire un choix rationnel à l’instant T. Il s’agissait pour les partisans de droite d’une combine infâme de la LEPRE pour se maintenir au pouvoir car la rapide accession au pouvoir de cette gauche a pu devenir une réalité qu’avec une grande alliance de l’ensemble des partis de gauche pendant que les partis de droite étaient divisés notamment pour des histoires d’égo entre les différents leaders des partis.
Obtenir des voix grâce aux morts assurerait donc à la gauche de se maintenir au pouvoir en incitant les personnes âgées à leur donner leurs futurs votes lors de la rédaction de leur testament. Mais pour cela, la gauche devait tout faire pour obtenir l’approbation des personnes âgés. C’est pour cela qu’une grande politique gérontologique commença. Les retraites furent réévaluées, les EHPAD améliorés, les services de proximités encouragés. De très lourds investissements furent lancés pour le bien-être des anciens. Au détriment des plus jeunes qui voyaient leurs fiches de paies amputées par de nouvelles cotisations visant à rendre la vie meilleure à leurs ascendants. Les jeunes actifs, qui d’habitude votaient pour la LEPRE se mirent donc à voter pour la droite aux élections locale. La LEPRE, qui était toujours majoritaire mais avec une base électorale fragile ne pouvait se permettre de perdre le vote des jeunes. Des actions furent donc menées pour les culpabiliser. De grandes campagnes médiatiques furent organisées par le pouvoir en place afin de lancer des accusations à charge contre les jeunes : « vous n’êtes pas solidaires », « vous êtes contre le progrès », « vous êtes pour la discrimination ». Ces slogans étaient lâchés à foison contre ceux qui étaient considérés comme des traitres. Cependant, cette méthode n’eut pas du tout l’effet souhaité, cela ne faisait que renforcer l’idée que se sont faits les jeunes de la LEPRE.
Voyant cet électorat s’effondrer, il fallait chercher de nouveaux votants. Le leader de la LEPRE, Jean-Paul Méchancon eut l’idée d’ouvrir les frontières aux retraités de tout pays qui souhaitaient s’installer en France. Les lourds investissements pour les personnes âgées attirèrent beaucoup de retraités européens et américains. Pour s’y installer, ils devaient demander la nationalité française. C’était la version officielle. Mais en catimini, le gouvernement a rendu obligatoire la rédaction des testaments avant la demande de nationalité des retraités étrangers. Ceux qui n’avaient pas inscrit dans leurs dernières volontés le choix de voter pour la gauche après leur mort n’obtenaient pas la nationalité française. Ce n’était pas officiellement annoncé, mais les demandeurs se sont bien rendu compte que seul ceux qui avaient fait leurs testaments en amont en louant la LEPRE obtenaient ce qu’ils voulaient. Grâce à cette technique, la gauche put obtenir des futures voix qui contribueraient à les maintenir très longtemps au pouvoir.
Malheureusement pour la LEPRE, il n’eut pas fallu longtemps pour que ce scandale soit découvert et le journal « Le canard déchaîné » s’est fait une joie de rendre public ce scandale. Beaucoup de citoyens furent révoltés à cette nouvelle. La droite montait dans les sondages, ce qui inquiétait Jean-Paul Méchancon. Mais la division de la droite entre les deux leaders Marcel Troisgaulle et Éric Mamour fit que cette dernière était toujours derrière. De jeunes gens prirent l’initiative de prendre d’assaut les cimetières afin de détruire les boites à vote fixé sur les tombes. De nombreux cimetières furent dévalisés par des gangs que le pouvoir en place s’empressa de les qualifier « d’extrême droite ». Jean-Paul Méchancon vit là l’opportunité de militariser l’accès aux cimetières. Chaque personne souhaitant se rendre sur la tombe d’un proche devait être fouillée et ne pouvait rester qu’un temps limité. Les personnes qui essayaient de passer par-dessus les murs pour y rentrer était abattues sans sommation, comme ce fut le cas avec le leader de l’Action Française Charles Bourrasque. Cette militarisation à l’extrême des cimetières calma vite les assauts des gangs d’extrême droite. Cela fit revenir le calme dans le pays pendant quelques temps.
Cependant, les scandales à répétition du pouvoir entrainèrent plusieurs conséquences. La première fut l’alliance entre les deux grands partis de droite où Marcel Troisgaulle et Éric Mamour s’allièrent devant l’urgence de la situation. La droite n’était plus qu’à quelques points de la LEPRE. La seconde fut une grande vague de suicides de militants de droite qui avaient bien pris soin avant de passer à l’acte de donner leurs futures voix à la droite pendant mille ans. La réserve de voix de la droite ne faisait que grossir. Jean-Paul Méchancon eut donc une idée sournoise alors que le Rhume 19 faisait son grand retour. Il rendit obligatoire la vaccination des personnes âgés d’un vaccin expérimental créé par l’Entreprise Mitzer. Jean-Paul Méchancon passa des accords avec Mitzer pour qu’une substance indétectable dans ce vaccin soit ajoutée pour déclencher des Myocardites et des Thromboses aux futurs vaccinés. Ainsi, beaucoup de personnes âgées périrent et les réserves de voix de la gauche se remirent à grimper.
Cependant, cette brutale hausse de la mortalité des personnes âgées fit baisser le nombre de votants pour la gauche parmi les vivants. La LEPRE résistait élection après élection grâce à ce stock important des votes des morts, mais si le nombre de vivants croissait trop vite, le parti de gauche serai vite en position de faiblesse. Il était urgent pour Jean-Paul Méchancon de prendre des mesures.
Et celles-ci ne se firent pas attendre. Ayant perdu le vote des jeunes et n’ayant plus beaucoup de personnes âgées encore en vie, Jean-Paul Méchancon mit en place un permis de voter. Son argumentaire était simple : il n’était plus possible aujourd’hui d’autoriser à des personnes incultes la possibilité d’influer sur des décisions aussi importantes que le vote. Ce pouvoir devait seulement être entre les mains de personnes éclairées qui grâce à leur culture prendraient les bonnes décisions. Encore une fois, la droite fut piégée. La culture de l’excellence faisait partie de son ADN. Comment alors contrer cet argument de la LEPRE tout en restant crédible ?
La défaillance de la droite à mettre à mal cette loi de Jean-Paul Méchancon conduit au divorce entre Marcel Troisgaulle et Éric Mamour. L’un et l’autre s’accusaient mutuellement de ne pas avoir été suffisamment convaincant pour contrer cette loi folle de la LEPRE et les deux partis de droite reprirent leur indépendance. La loi fut donc promulguée. Chaque citoyen devait donc passer un examen pour avoir le droit de voter, sauf les personnes retraitées qui étaient considérées comme suffisamment aguerries par les expériences de la vie qu’elles ont traversées pour prendre de bonnes décisions. Bien évidemment, l’examen était très difficile. Seul 1% de la population non retraitée parvenait à réussir l’examen. Il n’était à présent plus possible pour la LEPRE de perdre la moindre élection grâce aux réserves de voix des morts.
Face à cette situation, Éric Mamour réunit un conseil exceptionnel au sein de son parti pour trouver une sortie à ce terrible destin dont la droite était à présent vouée. Éric Mamour proposa à ses adhérents de combattre la gauche avec les armes de la gauche, c’est-à-dire cesser de rester tout le temps dans le rationnel et jouer à fond sur l’émotion. Il fit dont part à ses adhérents son plan : étendre le droit de vote aux animaux. En effet, l’antispécisme était en pleine expansion depuis quelques années, surtout chez les militants de gauche. L’idée d’Éric Mamour était de faire passer cette loi pour ensuite importer un maximum de singes en France auxquels des puces électroniques seraient implantées, leur donnant un début de conscience humaine. De plus en plus de singes fut installés en France. Les famille de droite en adoptèrent des dizaines par famille car ils comprirent très vote où Éric Mamour voulait en venir avec cette manœuvre politique.
Un an, deux ans, un mandat puis deux mandats de la LEPRE s’écoulèrent. Les singes étaient à présents plus nombreux que les Français en France. Avec le temps, la puce implantée dans leur cerveau les rapprochèrent du niveau des humains. Certains atteignirent le score de 80 au test de quotient intellectuel, ce qui était supérieur à certains humains. Certains singes commencèrent à occuper des emplois, comme chauffeur de bus, éboueur ou régulateur de la circulation dans la gendarmerie nationale. La population ne put constater l’incroyable essor et la place de plus en plus prégnante de cette nouvelle population dans le pays. Cela entraina parfois des dérapages spécistes, caractérisés notamment par des jets de bananes et des imitations humiliantes des pires caricature imprégnées dans l’esprit collectif concernant les singes. Mais la police de la LEPRE, qui était formée pour être intraitable avec ce genre de comportements déplacés employèrent toutes leurs forces à mettre fin ces humiliations. Plusieurs actions fortes ont été menées contre les leader spécistes. Ces actions furent saluées par les forces politique de gauche, comme de droite.
L’opposition, dont Éric Mamour faisait toujours parti proposa, face à la montée en puissance des singes dans la société Française, de leur accorder le droit de vote. Cette proposition fit rire l’ensemble de la classe politique. Mais Éric Mamour ne se démontât pas. Il fit un discours très poignant à l’assemblée nationale où il annonça que la LEPRE lui avait appris beaucoup. Que la tolérance, le respect des différence et le vivre-ensemble étaient des valeurs sacrées, et qu’il regrettait de pas les avoir assimilées plus tôt dans sa vie. Il appela la gauche à être cohérente dans ses actions. Si l’égalité entre les vivants et les morts doit être défendue, alors l’égalité entre les espèces doit l’être tout autant. Pourquoi accepter l’égalité entre certains et pas d’autres ? Très vite, l’opinion publique se rangea derrière cette idée de donner le droit de vote aux singes.
Jean-Luc Méchancon voyait d’un mauvais œil cette idée. Si les singes accèdent aux droit de vote, il ne pourrait pas avoir la certitude qu’ils votent à gauche. D’autant plus que la population des singes croissait de manière exponentielle. Si les singes choisiront le camp de la droite en grande majorité, le vote des morts ne suffiront pas à contrer ce nombre. Jean-Luc Méchancon fit donc campagne pour le NON face au grand référendum d’initiative populaire voulut par le peuple. Mais il fit une très mauvaise campagne. Il ne parvint pas à trouver des arguments qui puissent expliquer qu’une égalité entre vivants était juste mais qu’une inégalité entre humains et singes était légitime. Pire, Eric Mamour lors d’un débat télévisé en direct donna des leçon d’égalitarisme à son opposant de toujours. Le OUI pour le droit de vote des singes a facilement remporté le référendum avec 82% des votants allant dans ce sens.
Passé l’euphorie de cette victoire, Éric Mamour déclencha son arme secrète. La puce implantée dans le cerveau des singes possédait un puissant appareil permettant d’influencer les esprits implantés aux idées de droite. Les élections présidentielles de 2037 firent gagner Eric Mamour à la surprise générale grâce aux votes des singes qui votèrent pour ce dernier à 99%. La gauche ne pouvait se résoudre à perdre le pouvoir et refusa de reconnaitre cette victoire. Des émeutes se mirent à gronder dans tout le pays. Des gangs politiques armés des deux côtés se firent la guerre. Les forces policière et de gendarmerie furent vite dépassées par les évènements et ne purent contenir les deux camps, qui se détestaient profondément, à se faire une guerre sans merci qui finit par embrigader l’entièreté de la population humaine Française. Les singes restèrent à l’écart, ne comprenant pas ce conflit.
Les années passèrent. Un an, dix ans, puis cent ans s’écoulèrent sans que la haine entre les deux camps ne s’estompe. Les humains Français ne furent plus qu’une dizaine de millier. Les singes occupèrent tous les pays. L'ensemble des institutions républicaines finirent sous leur contrôle. Face à cette guerre sans fin dont ils ne comprirent même plus le sens, le Président singe de la République Française nommé Valérie Giscard d'Orang-Outang prit une décision radicale. Il décida par décret de faire installer les derniers humains Français dans des zoo où chacun était installés dans une cage indépendante pour éviter d’aller tuer son voisin. Et empêchait ainsi tout humain de se reproduire. Lorsque le dernier humain vivant sentit son dernier souffle arriver, sa dernière vision se fixa sur une immense statut construite de la même manière que celle d’Abraham Lincoln. Mais avec les traits d’Éric Mamour. Avec ces mots inscrits sur son socle : « À la mémoire d’Éric Mamour, le sauveur du nouveau peuple de France ».
FIN
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